Auteur
compositeur et interprète, quelles raisons t’ont
poussée à écrire pour d'autres artistes plutôt que
de te consacrer à une carrière solo uniquement ?
Effectivement, je ne fais pas que composer, je chante
aussi. Mon style est un peu plus rythmé (il est
proche de celui de Zazie, s'il doit être obligatoirement
comparé à un style identifiable par le grand public).
Thomas a du insister pour que je travaille avec
lui. Je me suis dit que je pouvais essayer d'écrire
pour lui en essayant d'adapter mon écriture pour
qu'elle lui corresponde le plus possible.
Quelles circonstances
t'ont permis de découvrir Thomas Gérôme ?
Je le connais depuis 4 ans. Nous nous sommes rencontrés
à l'école d'Alice Dona.
As-tu écrit
pour d'autres artistes que lui, si oui, lesquels
?
Thomas est celui pour lequel j'ai le plus écrit,
mais j'ai aussi écrit pour un ou deux copains
de la "Manufacture Chanson", une aventure qui
s'est terminée en juin 2002. A la Manufacture
j'ai suivi des cours d'écriture, de technique
vocale, de solfège et de théâtre. Vous pouvez
trouver un site internet sur lequel se trouve
l'extrait d'une de mes chansons : www.manufacturechanson.org
.
Sinon j'ai surtout
écrit pour moi. J'ai commencé à écrire poussée
par ce que ma mère m'a dit quand je lui ai annoncé
que je voulais chanter. Elle m'a répliqué "Tu
n'as pas de chanson" , alors j'en ai écrit. J'ai
commencé assez jeune, vers 16-17 ans , j'en ai
26 maintenant. J'ai eu le goût de la scène bien
plus jeune encore, vers 11-12 ans, la première
fois que je suis montée sur scène avec la chorale
de mon école.
Les chansons
correspondent parfaitement à Thomas Gérôme, comment
avez vous collaboré ensemble pour que les textes
et la musique reflètent ainsi ses émotions ?
Nous nous sommes beaucoup parlé, ensuite, chaque
chanson a sa propre histoire. Pour les autres
chansons, l'écriture s'est faite "au feeling".
Généralement je lui proposais un texte et Thomas
changeait un ou deux mots par texte.
"Même" est la
première que j'ai écrite pour lui. Je l'ai proposée
à Thomas car je trouvais qu'elle correspondait
mieux à un homme.
"Petite Star"
est une chanson qui s'est faite très vite, j'ai
proposé d'écrire pour la nièce de Thomas et il
a accepté.
Ecrire des chansons
peut prendre des années, parfois. Cela dépend
de l'inspiration de l'humeur. Certaines restent
dans des tiroirs jusqu'à ce qu'elles trouvent
l'interprète qui leur convienne.
"L'homme assassin"
est une très vieille chanson que j'avais écrite
pour moi. Thomas l'aimait bien et se l'est appropriée.
Les mots de cette chanson sont doux même si le
thème est difficile. Il n'est pas nécessaire de
crier pour faire passer la douleur dans le message.
De quelle façon
ta rencontre avec l'auteur Claude Lemesle en octobre
1999 a-t-elle influencé ton écriture ?
"SOS de tendresse"" est justement une chanson
qui est issue d'un exercice d'écriture datant
de l'époque à laquelle j'ai travaillé avec Claude
Lemesle. Le texte n'était pas fait spécialement
pour Thomas. Mais il a eu envie de le faire sien.
Pour toi, la
musique composée guide-t-elle l'écriture des paroles
qui seront amenées à être posées dessus, ou bien
préfères-tu partir d'un texte en accompagner ensuite
la musicalité imposée par les mots ?
En fait, j'ai plein de vieilles chansons que je
trouvais bien quand je les ai écrites à l'époque,
qui ne me correspondent plus ou dont la façon
d'exprimer le message qu'elles sont censées faire
passer n'est pas adéquate, bien tournée. J'ai
du mal à retravailler une chanson existante, ce
n'est pas évident, mais je n'aime pas jeter, donc
je ne jette rien et je relis régulièrement ce
que j'ai fait, je reprends une phrase un refrain.
Je laisse cela en repos un moment puis j'y reviens.
J'attends d'avoir pu prendre assez de recul. La
plupart du temps j'écris le texte et la musique
en même temps, en alternance, l'un influençant
l'autre.
Je me sens plus
compositrice qu'auteure car je suis musicienne
à la base. J'ai plus de facilité pour écrire une
musique qu'un texte, j'éprouve plus de plaisir,
aussi, à composer qu'à écrire des textes. La musique
me vient plus naturellement, j'ai le contact plus
facile avec le piano ou l'accordéon qu'avec ne
feuille de papier.
Je ne suis pas
quelqu'un qui m'astreint à un rythme d'écriture
régulier, qui travaille tous les jours... Je fonctionne
de façon plus instinctive, j'écris tout à coup,
dans la rue, par exemple.
Je pars d'un sujet
qui m'inspire, je relis de vieux travaux pour
trouver de l'inspiration.
Quels auteurs/compositeurs
t'influencent ?
Mon rêve absolu aurait été de travailler avec
Michel Berger, si cela avait été possible... J'aime
beaucoup Michel Fugain . Je ne cherche pas spécialement
à travailler avec telle ou telle personne. Si
cela se fait, tant mieux, sinon, ce n'est pas
grave.
De nos jours,
tout est formaté, électrisé. Ne crains-tu pas
que l'accompagnement uniquement pianistique puisse
écarter certaines chansons des ondes radios ?
Il est vrai que certaines maisons de musiques
nous reprochent nos arrangements. Elles souhaiteraient
des arrangements plus étoffés. Je pense cependant
que les chansons qui ont du succès sont celles
dans lesquelles les gens se reconnaissent, qui
leur parlent.
J'aime bien les
chansons au naturel, sans qu'il y ait trop d'électronique.
Si une chanson est bonne, l'arrangement n'est
qu'un "emballage cadeau" et cela ne change pas
fondamentalement la chanson.
Il faut bien l'admettre,
pourtant, les chansons qui sont choisies, signées,
par les maisons de disque, sont celles que l'on
entend dans "Popstar" ou "Star académy" car c'est
ce qui marche actuellement.
Les radios fonctionnent
aussi au "matraquage médiatique", elles partent
du principe que plus on entend un titre, plus
les gens l'auront en tête, l'aimeront, et plus
le titre sera vendeur. Elles passent une chanson
dix fois par jour. On finit par l'aimer.
Tout auteur
se livre dans les paroles de ses chansons. Y a-t-il
une chanson pour laquelle tu t'es dit que tu n'aurais
pas du en dire autant ?
Non , jamais je ne me suis dit "Là, je suis allée
trop loin". Au contraire, je me suis plutôt dit
bien souvent "il faut que j'aille plus loin".
Une chanson doit correspondre au plus proche de
ce que l'on peut ressentir, il faut d'autre y
mettre le plus possible de soi-même dedans.
Les chansons qui
ont du succès, qui durent, dont les gens se rappellent
sont celles dans lesquelles ils se reconnaissent.
Ils doivent y trouver une part d'eux-même.
Quels sont
tes projets pour un futur plus ou moins proche
?
Je fais aussi en ce moment une tournée en Suisse
avec des musiciens. J'aimerais faire quelques
concerts cet été, dans le cadre de festivals,
par exemple.