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Dédicace
C'est un chapeau
Droit devant soi
Les grandes personnes sont
comme ça
Les baobabs
Près d'elle
Adieu (et tache d'être heureux)
Je t'ordonne
Moi, je
Je bois pour oublier
Je suis un homme sérieux
C'est la consigne
Je prends note
La Terre
L'écho
Ephémères
Le jardin des roses
Apprivoise-moi
Puique c'est ma rose
L'aiguilleur
Chercher la source
On aura toujours rendez-vous
Le plus beau et le plus triste
paysage du monde
Paroles
: Elisabeth ANAÏS
Musique : Richard COCCIANTE
DEDICACE
l'aviateur
:
Je demande pardon aux enfants
D'avoir dédié cette histoire
A une grande personne
Mais cette grande personne
Est le meilleur ami que j'ai au monde
J'ai
d'autres excuses
Cette grande personne peut tout comprendre
Même les livres pour enfants
De plus elle vit dans un pays
Où je sais qu'elle a faim et froid
Si
vous saviez à quel point
Cette personne a besoin
De se sentir consolée
Si je peux avec ces mots
Un peu la réconforter
J'espère que vous comprendrez
Mais si quoiqu'il en soit
Ces excuses ne suffisent pas
Je dédie cette histoire
A l'enfant que cette homme a été
Toutes
les grandes personnes ont d'abord été des enfants
Toutes les grandes personnes ont d'abord été des
enfants
Chur
d'enfants :
Toutes les grandes personnes ont d'abord été des
enfants
St
Exupéry :
Toutes les grandes personnes
Chur
d'enfants:
Toutes les grandes personnes ont d'abord été des
enfants
St
Exupéry :
Ont d'abord été des enfants
Des enfants
Mais peu d'entre elles s'en souviennent
Peu d'entre elles d'en souviennent
Nuit
- Tempête - Eclairs
S.O.S. radio
Choc - Noir - Silence - Vent - Etoiles
l'aviateur
:
Moteur esquinté, avion enlisé; en plein désert,
peut-être à mille milles de toute région
habitée. 30 décembre 1935. La réparation sera difficile.
De l'eau pour 8 jours.
Eh ben mon petit vieux, t'as voulu être aviateur,
tu l'es. T'aurais mieux fait de continuer à
dessiner des serpents boas.
l'aviateur
:
- Vous savez ce que c'est, ça ?
Les
grandes personnes :
- Oh
- C'est un chapeau.
l'aviateur
:
- Et ça ?
Les
grandes personnes :
- Euh
l'aviateur
:
- C'est un boa.
Les
grandes personnes :
- Ah
Grande
personne n°1 : - As-tu appris tes leçons
de calcul ? 9 x 8 ? 7x 6 ? 6 x 9 ?
Grande personne n°2 : - Où est
la Chine, où est le Japon, l'Arizona ?
Grande personne n°3 : - Tu ferais mieux
de jouer à autre chose, au golf, au bridge
Grande personne n°4 : - Sois raisonnable.
Il faut être raisonnable.
Grande personne n°5 : - C'est un chapeau.
Grande personne n°6 : - N'oublie pas
d'éteindre ta lampe.
Grande personne n°7 : - On a dit "
éteins ta lampe ".
La bonne : - Mon Dieu, quel malheur cet enfant,
tu vas prendre froid, attention aux courants d'air,
et mets ton cache-nez.
C'EST
UN CHAPEAU
l'aviateur:
Est-ce que mon dessin vous a fait peur?
Les
grandes personnes
Pourquoi un chapeau ferait-il peur?
l'aviateur:
Je ne comprends pas personne ne voit
L'éléphant au fond de ce boa
Alors j'ai rangé tous mes crayons
Mes drôles de dessins dans des cartons
J'ai trouvé enfin ma vocation
Je suis devenu pilote d'avion
Les grandes personnes c'est fatiguant
Elles ne comprennent pas tellement
Elles ont besoin d'explications
Toujours et toujours des explications
Depuis j'ai croisé des tas de gens
Mon avis n'a pas changé vraiment
Je ne parle plus jamais d'étoiles
De serpents boas de fleurs tropicales
J'ai quand même voulu faire l'essai
De mon dessin à nouveau
Mais les grandes personnes répondaient
Toujours et toujours : "C'est un chapeau !"
Alors je parlais de politique
De cravates, de golf de courses hippiques
Et les grandes personnes se rassuraient
De connaître un homme aussi sensé
Est-ce
que mon dessin vous a fait peur?
Les
grandes personnes:
Pourquoi un chapeau ferait-il peur?
l'aviateur
:
Je ne comprends pas personne ne voit
Au-delà des choses au delà de soi
Les
grandes personnes :
- C'est un chapeau ! C'est un chapeau ! C'est un
chapeau !
l'aviateur
:
- Les grandes personnes, elles ne comprennent rien
toutes seules, et
c'est très fatiguant pour les enfants de
toujours et toujours leur
donner des explications.
Lever
du soleil
le
Petit Prince : - S'il vous plaît, dessine-moi
un mouton. Dessine-moi un mouton.
l'aviateur
: - Mais qu'est-ce que tu fais là ?
le
Petit Prince : - S'il vous plaît, dessine-moi
un mouton.
l'aviateur
: - Oh ! Tu sais, j'ai surtout étudié la géographie,
l'histoire, le calcul
je ne sais pas dessiner.
le
Petit Prince : - Ca ne fait rien, dessine-moi
un mouton.
l'aviateur
: - Ecoute
le seul dessin dont je sois capable,
c'est ça. Regarde. Viens, viens
le
Petit Prince: - Non, je ne veux pas d'un éléphant
dans un boa. Un boa, c'est très dangereux,
et un éléphant, c'est très encombrant. Chez
moi c'est tout petit. J'ai besoin d'un mouton. Dessine-moi
un mouton.
- Celui-là est déjà très malade.
Fais-en un autre.
- C'est pas un mouton, c'est un bélier. Il a des
cornes.
- Oh ! Celui-là est trop vieux. Je veux un
mouton qui vive longtemps.
l'aviateur
: - Ca c'est la caisse, le mouton que tu veux est
dedans.
le
Petit Prince: - Ah ! C'est tout à fait
comme ça que je le voulais. Mais crois-tu
qu'il faille beaucoup d'herbe à ce mouton
?
l'aviateur
: - Pourquoi ?
le
Petit Prince: - Parce que chez moi, c'est tout
petit.
l'aviateur
: - Ca suffira sûrement, je t'ai donné un
tout petit mouton.
le
Petit Prince: - Pas si petit que ça.
Tiens, il s'est endormi
Coucher
de soleil
le
Petit Prince : - Qu'est-ce que c'est que cette
chose-là ?
l'aviateur
: - Ca, mais ce n'est pas une chose, ça vole,
c'est un avion. C'est mon avion.
le
Petit Prince : - Comment, tu es tombé du ciel,
toi aussi ?
l'aviateur
: - Mais d'où viens-tu, mon petit bonhomme
?
le
Petit Prince : - Ce qui est bien, avec la caisse
que tu m'as donnée, c'est que la nuit ça
lui servira de maison.
l'aviateur
: - Et
et je te donnerai une corde pour
l'attacher le jour, et un piquet.
le
Petit Prince : - Mais où veux-tu qu'il
aille ?
l'aviateur
: - Mais n'importe où, droit devant lui.
DROIT
DEVANT SOI
le
Petit Prince:
Toi aussi tu viens du ciel?
l'aviateur:
Tu viens d'une autre planète?
le
Petit Prince :
C'est vrai qu'avec ces drôles d'ailes
On ne va pas bien loin
Droit devant soi on n'peut pas aller tellement
Tellement loin
l'aviateur:
Devant moi je n'sais même pas aller jusqu'à
toi
le
Petit Prince:
Quelle drôle d'idée d'attacher
Mon mouton à ton piquet
l'aviateur:
Mais si tu ne l'attaches pas
Il ira n'importe où
le
Petit Prince:
Droit devant soi on n'peut pas aller tellement
Tellement loin
l'aviateur:
Devant moi je n'sais même pas aller jusqu'à
toi
le
Petit Prince:
Mais où crois-tu qu'il ira?
l'aviateur:
N'importe où droit devant lui
le
Petit Prince:
Jamais il ne se perdra
C'est si petit chez moi
Droit devant soi on n'peut pas aller tellement
Tellement loin
l'aviateur:
Devant moi je n'sais même pas
Reconnaître la voie jusqu'à toi
le
Petit Prince:
Droit devant soi
Ce chemin ne nous apprend rien
On doit s'égarer pour mieux se trouver
L'aviateur
: - J'ai trouvé un ami !
grandes
personnes : - Oh !
l'aviateur
: - Il vient d'une autre planète.
grandes
personnes :
- Ah
- Quel âge a-t-il ?
- Combien a-t-il de frères ?
- Combien gagne son père ?
- Combien pèse-t-il ?
l'aviateur
: - Mais pourquoi ne me demandez-vous pas quel est
le son de sa voix, quels sont ses jeux préférés, s'il
collectionne les papillons ?
grandes
personnes :
- Quoi ?
- Qu'est-ce que ça veut dire ?
- Où habite-t-il ?
l'aviateur
: - Une planète, petite, avec deux volcans
en activité, qu'il faut ramoner soigneusement parce
que c'est pratique pour réchauffer le petit déjeuner
le matin. Et un volcan éteint, qu'il faut ramoner
aussi.On ne sait jamais.
le
Petit Prince : - On ne sait jamais.
grandes
personnes : - On ne sait jamais.
l'aviateur
: - C'est pour éviter les éruptions volcaniques, qui
sont quelque chose comme les feux de cheminée.
grandes
personnes : - Qu'est-ce que c'est que cette
histoire ? Qu'est-ce que tu es encore allé inventer
?
le
Petit Prince : - Sur Terre les grandes
personnes sont trop petites pour ramoner leurs volcans,
c'est pourquoi ils leur causent des tas d'ennuis.
l'aviateur
: - Aujourd'hui, troisième jour dans le désert.
La preuve que le Petit Prince a existé, c'est qu'il
était ravissant, qu'il riait
et qu'il voulait
un mouton.
grandes
personnes : - Oh
l'aviateur
: - Quand on veut un mouton, c'est la preuve qu'on
existe. Et la planète d'où il venait
est l'astéroïde B612.
le
Petit Prince : - Mais c'est, c'est
l'aviateur
: - Les enfants doivent être indulgents avec
les grandes personnes.
LES
grandes personnes SONT COMME CA
l'aviateur
J'ai de sérieuses raisons de croire
Que la planète du Petit Prince
Est l'astéroïde B612
Cet astre n'a été aperçu
Qu'une seule fois en 1909
Par un astronome turc
Il avait alors démontré
Sa découverte à un congrès
Mais personne ne l'avait jamais cru
A cause de son costume
Les
grandes personnes sont comme ça
Elles ne savent pas
Un dictateur turc imposa
A son peuple en 1920
De s'habiller à l'européenne
Alors l'astronome put refaire
Sa démonstration magistrale
Dans un habit très élégant
Et cette fois-ci évidemment
Tout le monde fut de son avis
Rien n'avait changé pourtant chez lui
Excepté son costume
Les grandes personnes sont comme ça
Elles ne veulent croire
Que ce qu'elles voient
Elles sont comme ça
Elles sont comme ça
Lever
de soleil
le
Petit Prince : - C'est bien vrai que les moutons
mangent les arbustes ?
l'aviateur
: - Oui, c'est vrai.
le
Petit Prince : - Par conséquent, ils mangent
aussi les baobabs
l'aviateur
: - Oh, tu sais, les baobabs ne sont pas des arbustes,
mais des arbres grands comme des églises, et même
si tu emportes avec toi tout un troupeau d'éléphants,
ce troupeau ne viendrait pas à bout d'un
seul baobab.
le
Petit Prince:- Les baobabs, avant de grandir,
ça commence par être petit, non ?
l'aviateur
: - Ah ?
le
Petit Prince : - Donc les moutons mangeront
les petits baobabs.
l'aviateur
: - Pourquoi veux-tu que les moutons mangent les
petits baobabs ?
le
Petit Prince: - Ben voyons. Parce que si on
laisse pousser les petits baobabs sur ma petite
planète, ils seront trop nombreux et ils
la feront éclater. C'est terrible, le drame des
baobabs. Fais un dessin pour prévenir les enfants
de ta planète.
LES
BAOBABS
le
Petit Prince:
On n'sait jamais les dangers qui nous guettent
Là sous nos pieds par-dessus nos têtes
l'aviateur:
Ces petites graines qui nous sont invisibles
Quelques brindilles qui deviennent terribles
le
Petit Prince:
Elles sommeillent dans le secret de la terre
Jusqu'au jour où elles s'ouvrent à la
lumière
l'aviateur:
Il faut faire vite avant que ne s'installent
Sur nos planètes les racines du mal
On n'voit jamais les dangers qui reviennent
La mauvaise herbe pour la mauvaise graine
le
Petit Prince:
Comme on doit faire le matin sa toilette
On doit prendre soin de sa planète
Il ne faut pas la laisser s'encombrer
Sinon elle va finir par éclater
l'aviateur:
Enfants je n'aime pas vous faire la morale
Mais avec ces arbres l'erreur est fatale
ensemble
(+ grande personnes):
Faites attention aux baobabs
Ils envahissent la planète
Ils l'étouffent ils la déchiquettent
Il faut les surveiller
Il faut les arracher
Il faut s'en débarrasser
Faites attention aux baobabs
Il n'faut surtout pas remettre
Ce travail à plus tard
Car plus tard c'est trop tard
Faites attention aux baobabs
Il faut leur couper la tête
Faites attention aux baobabs
Ils envahissent la planète
Ils l'étouffent, ils la déchiquettent
Il faut les repérer
Il faut les supprimer il faut les éradiquer
Faites attention aux baobabs
Il n'faut surtout pas remettre
Ce travail à plus tard
Car plus tard c'est trop tard
Faites attention aux baobabs
Il faut faire place nette
grandes
personnes:
Faites attention aux baobabs
Ils envahissent la planète
Faites attention aux baobabs
Faites attention aux baobabs
Ils envahissent la planète
ensemble
(+ grandes personnes):
Faites attention aux baobabs
Ils envahissent la planète
Ils l'étouffent, ils la déchiquettent
Il faut les démolir
Les détruire les occire il faut les anéantir
Faites attention aux baobabs
Il n'faut surtout pas remettre
Ce travail à plus tard
Car plus tard c'est trop tard
Faites attention aux baobabs
Il faut que ça s'arrête
Faites attention aux baobabs
Ils envahissent la planète
Faites attention aux baobabs
Il n'faut surtout pas remettre
Ce travail à plus tard
Car plus tard c'est trop tard
Faites attention aux baobabs
Il faut que ça s'arrête
l'aviateur
: - Tu as raison, faut pas laisser pousser les petits
baobabs. Dans certaines circonstances, sur certaines
planètes, c'est un très grave danger.
l'aviateur
: - Tu as l'air mélancolique.
le
Petit Prince : - J'aime bien les couchers de
soleil. Allons voir un coucher de soleil !
l'aviateur
: - Mais il faut attendre.
le
Petit Prince: - Attendre quoi ?
l'aviateur
: - Attendre que le soleil se couche !
le
Petit Prince : - Chez moi, c'est tellement petit
qu'il me suffit de tirer ma chaise de quelques pas.
Et je regardais le crépuscule chaque fois que je
le désirais. Un jour, j'ai vu le soleil se coucher
quarante-quatre fois
Quand on est triste, on aime les couchers de soleil.
l'aviateur
:
- Ce jour-là, tu étais donc tellement triste
?
- Aujourd'hui, quatrième jour dans le désert.
Coucher
de soleil
le
Petit Prince : - Un mouton, s'il mange les arbustes,
il mange aussi les fleurs ?
l'aviateur
: - Un mouton mange tout ce qu'il rencontre.
le
Petit Prince : - Même les fleurs qui ont
des épines ?
l'aviateur
: - Même les fleurs qui ont des épines.
le
Petit Prince :
- Alors les épines, à quoi servent-elles
?
- Les épines, à quoi servent-elles ?
l'aviateur
: - Elles ne servent à rien. C'est de
la pure méchanceté de ma part des fleurs.
le
Petit Prince: - Je ne te crois pas. Les fleurs
sont faibles, elles sont naïves. Elles se rassurent
comme elles peuvent. Elles se croient terribles
avec leurs épines
Alors, tu crois que les
fleurs
?
l'aviateur
: - Non, je ne crois rien. Je t'ai répondu n'importe
quoi. Je m'occupe, moi, de choses sérieuses.
le
Petit Prince : - De choses sérieuses ? Tu parles
comme les grandes personnes ! Je connais une planète
où il y a un monsieur qui n'a jamais rien
fait d'autre que des additions. Il n'a jamais respiré
une fleur, jamais regardé une étoile, et toute la
journée il répète, comme toi, " je suis
un homme sérieux, je suis un homme sérieux ",
et ça le fait gonfler d'orgueil, mais ça
n'est pas un homme, c'est un champignon.
l'aviateur
: - Un quoi ?
le
Petit Prince : - Un champignon ! Il y a des
millions d'années que les fleurs fabriquent des
épines, il y a des millions d'années que les moutons
mangent quand même les fleurs. Et c'est pas
important ça, la guerre des moutons et des
fleurs ? Si quelqu'un aime une fleur qui n'existe
qu'à un seul exemplaire dans les millions
et les millions d'étoiles, ça suffit pour
qu'il soit heureux quand il les regarde. Il se dit
: " Ma fleur est là quelque part ".
Mais si le mouton mange la fleur, c'est pour lui
comme si brusquement toutes les étoiles s'éteignaient
! Et c'est pas important ça, la guerre des
moutons et des fleurs ?
l'aviateur
: - La fleur que tu aimes n'est pas en danger,
lui dessinerais une muselière à ton
mouton, je te donnerai une armure pour ta fleur.
Attends, regarde
le
Petit Prince: - Des fleurs, il y en a toujours
eu sur ma planète, des fleurs très
simples, armées d'un rang de pétales, qui ne tiennent
pas de place et ne dérangent personne. Mais un jour
est arrivée ma fleur, une graine apportée on ne
sait d'où. J'avais peur au début que ce soit
un nouveau genre de baobab. Mais l'arbuste a vite
cessé de croître et a formé une fleur, un
bouton énorme.
PRES
D'ELLE
le
Petit Prince
Bien à l'abri de sa chambre verte
Elle n'en finit pas dans cette cachette
De choisir avec soin ses couleurs
De s'habiller lentement le cur
Ses pétales ajustés un à un
Pour lui faire un corset de satin
Près
d'elle
Je sens un miracle qui s'apprête
Un soleil
Qui vient pour éclairer ma planète
Je
n'ai connu que des fleurs fragiles
Jusqu'à ce qu'apparaisse cette brindille
Des fleurs qui ne tenaient pas de place
Et qui passaient sans laisser de trace
Avec ses manières si émouvantes
Celle-ci a l'air tellement différente
Près
d'elle
Je sens un miracle qui s'apprête
Un soleil
Qui vient pour réchauffer ma planète
Petite
graine perdue dans l'univers
Qui a trouvé sa place sur ma terre
Elle se prépare avec tant d'amour
A naître en étant belle comme le jour
Près
d'elle
Je sens un miracle qui s'apprête
Un soleil
Qui vient pour éclairer ma planète
Près d'elle
le Petit Prince : - Vous êtes belle.
La
rose : - N'est-ce pas ?
le
Petit Prince : - Vous êtes belle, mais
bien compliquée.
La
rose : - Ah ! Je me réveille à peine.
Ah ! Je vous demande pardon. Ah ! Je suis toute
décoiffée. Mais je suis née en même temps
que le soleil.
le
Petit Prince : - Elle est belle, mais un peu
menteuse.
La
rose : - Ah ! Sans trop vous déranger, ah !
Pourriez-vous m'apporter juste un petit déjeuner
? Je prendrais bien quelques gouttes de rosée.
le
Petit Prince : - Elle est belle, mais un peu
capricieuse.
La
rose : - Ah ! Avec mes quatre épines , ah !
Je ne me laisse pas prendre, moi je n'ai pas peur
des tigres, ils peuvent toujours venir, je sais
me défendre.
le
Petit Prince : - Elle est belle, mais un peu
prétentieuse.
La
rose : - Ah ! J'ai toujours un peu froid. Ah
! Je crains les courants d'air. J'aime tant qu'on
prenne soin de moi. Vous n'auriez pas par hasard
un paravent ?
le
Petit Prince : - Non. Il n'y a pas de tigre
sur ma planète, et les tigres, ça
ne mange pas d'herbes.
La
rose : - Je ne suis pas une herbe. De toute
façon, le soir vous me mettrez sous globe.
le
Petit Prince : - Euh ?
La
rose : - Il fait très froid chez vous.
C'est mal installé. Là d'où je viens
La
rose : - Oh, pardon ! Ah, des oies sauvages
! Si, si !
le
Petit Prince: - Ah, je ne veux plus l'écouter,
ah, il vaut mieux se sauver, je prendrai le premier
vol d'oiseaux sauvages qui voudront m'emporter.
le
Petit Prince : - Bon et bien voilà, je
pars. J'ai fait tout ce que je pouvais. Les volcans
sont ramonés. Est-ce que tu veux ton globe pour
la nuit ?
le
Petit Prince : Adieu.
ADIEU
(ET TACHE D'ETRE HEUREUX)
La
rose:
Adieu
Et tâche d'être heureux
J'ai perdu du temps
A vouloir cacher
Tous nos sentiments
Voilà que tu pars
Je te demande pardon
J'aurais dû te dire
Depuis si longtemps
Que je t'aimais tant
Va
Maintenant va t'en
J'apprendrai sans toi
A aimer le vent
L'air frais de la nuit
J'apprendrai sans toi
Avec les chenilles
Et les papillons
A tromper l'ennui
Ne traîne pas, adieu
Et tâche d'être heureux
Le
roi : - Ah, voilà un sujet.
le
Petit Prince : - Mais vous ne me connaissez
pas !
Le
roi : - Mais tous les hommes sont mes sujets.
le
Petit Prince : - Ah bon.
Le
roi : - On ne bâille pas.
le
Petit Prince : - Mais je suis fatigué
Le
roi : - On ne parle pas. Et on ne s'assied pas.
le
Petit Prince : - Mais je suis fatigué, votre
Majesté, et je m'ennuie déjà. Et je crois
bien que je vais partir.
Le
roi : - Non, attends
JE T'ORDONNE
Le
roi :
Je t'ordonne de bâiller
Je t'ordonne de parler
Je t'ordonne de t'asseoir
Et de m'interroger
Je t'ordonne d'arrêter !
Moi
je règne sur tout
Tout ce qui tourne autour de nous
Monarque universel
Des étoiles et du ciel
Et je ne tolère pas
La désobéissance
Mes
ordres sont raisonnables
On peut me faire confiance
Par contre si j'ordonnais
A un quelconque général
De voler de fleur en fleur
Ou si j'exigeais de mon peuple
Qu'ils se jettent à la mer
S'ils n'obéissaient pas
Et s'ils se révoltaient
Ils seraient dans leur droit
Alors celui qui aurait tort
Bien sûr ce serait moi
L'autorité repose
D'abord sur la raison
Il faut exiger de chacun
Ce que chacun peut donner
le
Petit Prince : - Et sur quoi régnez-vous ?
Le
roi : - Sur tout. Je suis un monarque absolu
et universel.
le
Petit Prince : - Même les étoiles vous
obéissent ?
Le
roi : - Bien sûr. Je ne tolère
pas l'indiscipline.
le
Petit Prince : - Dans ce cas, faites-moi plaisir.
Ordonnez au soleil de se coucher.
Le
roi : - Je l'y obligerai. Mais j'attendrai dans
la science de mon gouvernement que les conditions
soient favorables.
le
Petit Prince : - Et quand cela sera-t-il ?
Le
roi : - Ce soir. Vers
sept heures quarante.
Tu verras comme je suis bien obéi.
le
Petit Prince : - J'ai compris. Je vais repartir.
Le
roi : - Non, ne pars pas, je te fais ministre.
De la justice.
le
Petit Prince : - Il n'y a personne sur votre
planète !
Le
roi : - Non, mais tu te jugeras donc toi-même.
Il est bien plus difficile de se juger soi-même
que de juger autrui.
le
Petit Prince : - Je puis me juger moi-même
n'importe où, je n'ai pas besoin d'habiter
ici. Adieu.
Le
roi : - Non, attends. Je crois qu'il y a quelque
part un vieux rat que j'entends courir la nuit.
Tu le condamneras à mort de temps en temps,
mais tu le gracieras chaque fois pour l'économiser,
il n'y en a qu'un.
le
Petit Prince : - Je n'aime pas condamner à
mort, et je crois bien que je m'en vais.
Le
roi : - Non.
le
Petit Prince : - Ordonnez-moi, par exemple,
de partir avant une minute.
Le
roi : - Non.
Le
roi : - Je te fais mon ambassadeur, va.
le
Petit Prince : - Les grandes personnes sont
bien étranges.
Le
vaniteux : - Ah, voilà la visite d'un
admirateur.
le
Petit Prince : - Ca, c'est un vaniteux. Vous
avez un drôle de chapeau.
Le
vaniteux : - Mais c'est pour saluer, quand on
m'acclame. Frappe dans tes mains.
MOI
JE
Le
vaniteux:
J'aime qu'on me jette des fleurs
J'aime la lumière des projecteurs
J'aime les flatteurs j'aime les honneurs
J'aime même les menteurs
Quand ils savent me dire
Ce que je veux entendre
A quoi je peux prétendre
J'aime
les compliments
La chaleur des applaudissements
J'aime la gloire et tous ses égards
J'aime tous ces boniments
Si je dois me sentir
Ne serait-ce qu'un instant
Le plus intéressant
Moi je suis le plus beau
Moi je suis le plus riche
Moi je suis le plus drôle
Moi je suis moi je suis moi
Moi je suis le meilleur
De toute la planète
Mais je suis toujours seul
Pour le reconnaître
J'aime tellement qu'on m'aime
Alors frappe des mains
Admire-moi quand même
Tu me feras plaisir
J'aime tellement qu'on m'aime
le
Petit Prince : - Je t'admire, mais en quoi cela
peut-il bien t'intéresser ?
le
Petit Prince : - Les grandes personnes sont
décidément bien bizarres.
le
Petit Prince : - Que fais-tu là ? Comme
c'est triste !
JE
BOIS POUR OUBLIER
Le
buveur:
Plus rien ne me paraît très net
Vous êtes sur ma drôle de planète
Tout est tordu tout est flou
Je suis tout sens dessus dessous
Je collectionne pour la peine
Les bouteilles vides les bouteilles pleines
Toi qui t'en viens vers moi
Tu te demandes ce que je fais là
Je bois pour oublier
le
Petit Prince:
Mais tu bois pour oublier quoi ?
Le
buveur:
Oublier que j'ai honte
le
Petit Prince:
Que tu as honte de quoi ?
Le
buveur:
Que j'ai honte de boire
le
Petit Prince :
Alors tu te ressers un verre
Le
buveur:
Je bois pour oublier
Pour oublier que je bois
le
Petit Prince : - Les grandes personnes sont
décidément très, très bizarres.
JE
SUIS UN HOMME SERIEUX
le
Petit Prince : - Bonjour ! Votre cigarette est
éteinte. Bonjour !
le
businessman:
Trois et deux font cinq
Et cinq plus sept font douze
Et douze plus trois égalent bien quinze
- Bonjour
Vingt-deux
et six vingt-huit
Pas l'temps d'la rallumer
Vingt-six et cinq font trente et un
Ca me fait donc cinq cent un millions
Six cent vingt-deux mille
Sept cent trente et un
le
Petit Prince : - Cinq cent un millions de quoi
?
le
businessman:
Tiens tu es toujours là
Cinq cent un millions de
Je ne sais même plus
le
Petit Prince : - Cinq cent un millions de quoi
?
le
businessman:
J'ai tellement de travail
Je n'peux pas m'amuser
Avec toutes ces balivernes
le
Petit Prince : - Des millions de quoi ?
le
businessman:
Tu n'dois pas me déranger
Deux et cinq font sept
je suis un homme sérieux
le
Petit Prince : - Cinq cent un millions de quoi
?
le
businessman:
Des millions d'étoiles
Auxquelles rêvent les paresseux
Que je change en calcul mental
Moi qui suis un homme sérieux j'ai besoin
J'ai besoin de posséder pour me rassurer
J'ai besoin de me sentir riche pour exister
Des millions d'étoiles
Que je ne sais que compter
Moi qui n'ai jamais rêvé
Trois
et deux font cinq
Et cinq plus sept font douze
Et douze plus trois égalent bien quinze
Quinze et sept vingt-deux
Vingt-deux et six vingt-huit
Vingt-six et cinq font trente et un
Ca me fait donc cinq cent un millions
Six cent vingt-deux mille
Sept cent trente et un
le
Petit Prince : - D'étoiles, je sais. J'ai déjà
vu un roi qui possédait une étoile.
le
businessman : - Mais les rois ne possèdent
pas, ils règnent sur, c'est très différent.
le
Petit Prince : - Et comment peut-on posséder
une étoile ?
le
businessman : - Je possède les étoiles
parce que personne avant moi n'a pensé à
les posséder.
le
Petit Prince : - Ca c'est vrai, mais tu ne peux
pas cueillir une étoile comme je peux cueillir une
fleur et l'emporter.
le
businessman : - Non, mais je peux les placer
en banque. J'écris sur un petit papier le nombre
de mes étoiles et je l'enferme à clé dans
un tiroir.
le
Petit Prince : - C'est assez poétique, mais
ce n'est vraiment pas très sérieux. Moi je
ramone mes volcans et j'arrose ma fleur, aussi c'est
utile à mes volcans et c'est utile à
ma fleur que je les possède. Mais toi tu
n'es pas utile aux étoiles. Je voudrais aller voir
ailleurs. Voilà une jolie planète.
le
businessman : - C'est une planète minuscule,
et absurde. A quoi peut bien servir, dans le ciel,
sur une planète sans maison ni population,
un réverbère et un allumeur de réverbère
?
le
Petit Prince : - Peut-être bien que cet
homme est absurde. Moins cependant que vous tous,
parce que, quand il allume son réverbère,
c'est comme s'il faisait naître une étoile
de plus, ou une fleur. Quand il éteint son réverbère,
ça endort l'étoile ou la fleur. C'est une
occupation très jolie et véritablement utile,
puisque c'est joli. Adieu.
le
Petit Prince : - Les grandes personnes sont
décidément tout à fait extraordinaires.
C'EST
LA CONSIGNE
le
Petit Prince : - Pourquoi éteins-tu ton réverbère
? Tu viens à peine de l'allumer.
L'allumeur
de réverbères:
J'éteins mon réverbère
Je l'allume aussitôt
C'est la consigne
Bonjour bonsoir
J'allume mon réverbère
Je l'éteins à nouveau
C'est la consigne
Bonjour bonsoir
Mon
métier est terrible
Je n'dois pas réfléchir
J'obéis sans rien dire
La consigne c'est la consigne
Bonjour bonsoir
Bonjour bonsoir
Je
regrette autrefois
Quand je n'avais encore
Qu'à éteindre le matin
Et allumer le soir
Année après année
La planète a tourné
Chaque jour un peu plus vite
Sans que change la consigne
Bonjour bonsoir
Et
maintenant elle fait
En soixante secondes
Sur elle un tour entier
Et je n'ai en ce monde
Plus un instant de paix
Bonjour bonsoir
J'éteins
mon réverbère
Je l'allume aussitôt
C'est la consigne
Bonjour bonsoir
J'allume mon réverbère
Je l'éteins à nouveau
C'est la consigne
Bonjour bonsoir
le
Petit Prince : - Au moins lui ne s'occupe pas
que de lui-même. S'il y avait eu de la place
pour deux, j'aurais aimé en faire mon ami. Et puis
soixante couchers de soleil par heure, ça
fait
mille quatre cent quarante couchers de
soleil par jour ! j'y retourne.
le
Petit Prince : - Ah, voilà une grande
planète.
Le
géographe : - Tiens, voilà un explorateur.
le
Petit Prince : - Quel est ce gros livre ? Que
faites-vous ici ?
Le
géographe : - Je suis géographe, et je prends
en note les souvenirs des explorateurs.
le
Petit Prince : - Elle est bien belle votre planète.
Est-ce qu'il y a des océans ?
Le
géographe : - Je ne puis pas le savoir.
le
Petit Prince : - Et des montagnes, des villes,
des fleuves, des déserts ?
Le
géographe : - Je ne puis pas le savoir.
le
Petit Prince : - Mais vous êtes géographe
?
Le
géographe : - C'est exact, mais je ne suis pas
explorateur. Le géographe est trop important pour
flâner. Il ne quitte pas son bureau. Mais
il y reçoit les explorateurs. Et si les souvenirs
de l'un d'eux lui paraissent intéressants, alors
le géographe fait faire une enquête sur la
moralité de l'explorateur.
le
Petit Prince : - Pourquoi ça ?
Le
géographe : - Si l'explorateur mentait, tu imagines
la catastrophe. Et si c'est un ivrogne, il voit
double, il noterait deux montagnes là où
il n'y en a qu'une.
le
Petit Prince : - Ah, ah, ah.
Le
géographe : - Et toi, tu viens de loin ? Je
vais noter ton récit, au crayon d'abord, à
l'encre quand tu auras fourni les preuves.
le
Petit Prince : - Quelles preuves ?
Le
géographe : - C'est très simple. S'il
s'agit, par exemple, de la découverte d'une grosse
montagne, on exige de l'explorateur qu'il en rapporte
de grosses pierres. Alors ?
le
Petit Prince : - Chez moi, c'est tout petit,
deux volcans en activité, un volcan éteint...
Le
géographe : - Je prends note, on ne sait jamais.
le
Petit Prince : - J'ai aussi une fleur.
Le
géographe : - Nous ne notons pas les fleurs,
elles sont éphémères. Nous n'écrivons que
les choses éternelles, qui ne se démodent pas.
le
Petit Prince : - Qu'est-ce que ça signifie,
" éphémère " ?
Le
géographe : - Ca signifie
" qui est
menacé de disparition prochaine ".
le
Petit Prince : - Ma fleur est éphémère,
et elle n'a que quatre épines pour se défendre contre
le monde ! Et je l'ai laissée toute seule chez moi
!
JE
PRENDS NOTE
Le
géographe:
Je dois connaître les déserts
Les sources qui jaillissent de la terre
Les océans les rivières
Et les îles plantées sous la mer
Et je rêve de volcans qui grondent
Dans des flots incandescents
De ces voiliers amarrés aux ondes
Dans les Quarantièmes Rugissants
Je prends note
Enfermées au fond d'un cahier
S'étalent mes seules lignes d'horizon
Ce bureau est ma dernière prison
Je prends note
Je ne vis rien je ne vois rien
Je vis tout par procuration
En voyageur immobile
A travers vos explorations
Je prends note
Je n'écris que des choses éternelles
Je prends note
Je n'ai que faire de ces choses précaires
Qui encombrent la terre et le ciel
Les poèmes et les dictionnaires
Je prends note
Mais je ne sais rien de ma planète
Je n'connais même pas un cours d'eau
Je sais juste où mes frontières s'arrêtent
Coincé à l'arrière d'un bureau
Je prends note
le
Petit Prince :
- J'aurais dû ne pas l'écouter. Il ne faut
jamais écouter les fleurs. Il faut les regarder
et les respirer. La mienne embaumait ma planète,
mais je ne savais pas m'en réjouir. Cette histoire
de griffes, qui m'avait tellement agacé, aurait
dû m'attendrir. Je n'ai rien su comprendre.
J'aurais dû la juger sur les actes et non
sur les mots. Elle m'embaumait et m'éclairait. Je
n'aurais jamais dû m'enfuir. J'aurais dû
deviner sa tendresse derrière ses pauvres
ruses. Les fleurs sont si contradictoires. J'étais
trop jeune pour savoir l'aimer.
Le
géographe :
- Tout cela, nous n'en prenons pas note.
le
Petit Prince :
- Que me conseillez-vous d'aller visiter ?
Le
géographe :
- La planète Terre. Elle a bonne réputation.
LA
TERRE
Le
géographe:
La septième planète sera donc la Terre
La Terre n'est pas une planète quelconque
On y compte cent onze rois
En n'oubliant pas bien sûr les rois nègres
le
Petit Prince : - Très drôle
Le
géographe:
Sept mille géographes neuf cent mille businessmen
Sept millions et demi d'ivrognes
Trois cent onze millions de vaniteux
C'est-à-dire environ deux milliards de grandes
personnes
l'aviateur
:
La Terre
Dans cet univers
Et ses particules élémentaires
Ce mystère
Au milieu des airs
Ces mers ces déserts
Une légère goutte de boue
Perdue dans l'éther
Où tous les hommes se tiennent debout
Accrochés au clair
De leur étoile
Solitaire
Planète en colère
Du système solaire
Révolutionnaire
C'est la Terre
Ses années lumière
Et ses allumeurs de réverbères
- Pour vous donner une idée des dimensions de la
Terre, je vous dirai
qu'avant l'invention de l'électricité on y devait
entretenir, sur
l'ensemble des six continents, une véritable armée
de quatre cent
soixante deux mille cinq cent onze allumeurs de
réverbères. Vu
d'un peu loin ça faisait un effet splendide.
La
Terre
Une légère goutte de boue
Perdue dans l'éther
Où tous les hommes se tiennent debout
Le temps d'un éclair
La Terre
Dans cet univers
Ridicule et fière
Particulière
Volontaire
A ne pas se taire
Cette mère nourricière
Qui nous enterre
C'est la Terre
La Terre
ACTE 2
EPHEMERES
l'aviateur:
On veut croire à des choses éternelles
Pour oublier toutes ces choses précaires
Qui encombrent la terre et le ciel
Les poèmes et les dictionnaires
Car nous sommes
Ephémères
Menacés par une fin prochaine
Les explosions en chaîne
Les amours et les gloires passagères
Ephémères
Avoir la sagesse nécessaire
De prendre un peu tout à la légère
Et savoir se détacher de la Terre
Ephémères
Epris de folie temporaire
Qui nous laisse espérer le ciel
Et nous attache à des pierres
Ephémères
Qui en prières
Trouvent un sens à leurs destins
Si incertains
Ephémères
Pris au piège sous l'effet de serre
Comme ces fragiles insectes qui naissent
Pour s'éteindre en pleine lumière
Ephémères
Avoir la sagesse nécessaire
De prendre un peu tout à la légère
Et savoir se détacher de la Terre
Ephémères
Epris de folie temporaire
Qui nous laisse espérer le ciel
Et nous attache à des pierres
Ephémères
Pour enfin
N'être dans ces déserts
Plus qu'un grain de poussière
le
Petit Prince : - Bonne nuit.
Le
serpent : - Bonne nuit.
le
Petit Prince : - Sur quelle planète suis-je
tombé ?
Le
serpent : - Sur la Terre, en Afrique.
le
Petit Prince : - Où sont les hommes ?
Le
serpent : - Ici c'est le désert, il n'y a personne
dans les déserts. La Terre est grande.
le
Petit Prince : - Je sais, deux milliards d'habitants,
avec une armée de 472 511 allumeurs de réverbères
sur six continents, ça faisait un effet superbe
vu d'en haut, comme un ballet d'opéra. D'abord les
allumeurs de réverbères de Nouvelle-Zélande,
d'Australie, et puis
Le
serpent : - Attention, quand on veut faire de
l'esprit, il arrive qu'on invente un peu. Tu vas
donner une fausse idée de la planète à
ceux qui ne la connaissent pas. Les hommes occupent
très peu de place sur la Terre. Si tous les
habitants se tenaient debout et un peu serrés, on
pourrait entasser l'humanité entière sur
le moindre petit ilôt du Pacifique.
le
Petit Prince : - Les grandes personnes ne te
croiront jamais.
Le
serpent : - Elles se voient importantes comme
des baobabs.
le
Petit Prince : - Je me demande si les étoiles
sont éclairées afin que chacun puisse un jour retrouver
la sienne. Regarde ma planète, elle est juste
au- dessus de nous. Comme elle est loin
Le
serpent : - Elle est belle. Mais que viens-tu
faire ici ?
le
Petit Prince : - J'ai des difficultés avec une
fleur.
Le
serpent : - Une fleur ?
le
Petit Prince : - Non, ça c'est une fleur
à trois pétales, une fleur de rien du tout.
La mienne est éphémère.
Le
serpent : - (il fredonne).
le
Petit Prince : - Où sont les hommes ?
On est un peu seul dans le désert.
Le
serpent : - On est seul aussi chez les hommes.
le
Petit Prince : - Tu es une drôle de bête.
Tu n'as même pas de pattes. Tu ne peux même
pas voyager.
Le
serpent : - Oh, je puis t'emporter plus loin
qu'un navire. Celui que je touche, je le rends à
la terre dont il est sorti. Tu es pur, tu viens
d'une étoile, mais tu me fais pitié, toi si faible,
sur cette terre de granit. Je puis t'aider un jour,
si tu regrettes trop ta planète. Je puis
le
Petit Prince : - Oh, j'ai très bien compris.
Mais pourquoi parles-tu toujours par énigmes ?
Le
serpent : - Je les résous toutes.
le
Petit Prince : - Bonjour.
Les
cactus : - Bonjour.
le
Petit Prince : - Où sont les hommes ?
Les
cactus : - Oh, les hommes ! Il en existe je
crois six ou sept. Je les ai aperçus il y
a des années. Mais on ne sait jamais où les
trouver. Le vent les promène, ils manquent
de racines. Ca les gêne beaucoup.
le
Petit Prince : - Adieu.
Les
cactus : - Adieu.
le
Petit Prince : - Je vais faire l'ascension de
cette haute montagne. Tu sais
aïe !
Les
cactus : - Oh pardon !
le
Petit Prince : - Je n'ai jamais eu de montagne
comme ça. J'ai trois volcans qui m'arrivent
à peine aux genoux.
Les
cactus : - Aux genoux ?
le
Petit Prince : - Au sommet, j'apercevrai d'un
coup toute la planète et tous les hommes.
L'ECHO
le
Petit Prince:- Bonjour.
L'écho:-
Bonjour
Bonjour
Bonjour
le
Petit Prince : - Qui êtes-vous ?
L'écho:
- Qui êtes-vous
Qui êtes-vous
le
Petit Prince : - Soyez mes amis.
L'écho
: - mes amis
le
Petit Prince :- Je suis seul.
L'écho
: - Je suis seul
.
le
Petit Prince:- Bonjour.
L'écho:-
Bonjour
Bonjour
Bonjour
le
Petit Prince : - Qui êtes-vous ?
L'écho:
- Qui êtes-vous
Qui êtes-vous
le
Petit Prince : - Soyez mes amis.
L'écho
: - mes amis
le
Petit Prince :- Je suis seul.
L'écho
: - Je suis seul
.
le
Petit Prince:
Cette Terre est
Une drôle de planète
Elle est toute sèche
Toute pointue
Toute salée
Et les hommes manquent
D'imagination
Ils répètent tout
Tout ce qu'on leur dit
le
Petit Prince:- Bonjour.
L'écho:-
Bonjour
Bonjour
Bonjour
le
Petit Prince : - Qui êtes-vous ?
L'écho:
- Qui êtes-vous
Qui êtes-vous
le
Petit Prince : - Soyez mes amis.
L'écho
: - mes amis
le
Petit Prince :- Je suis seul.
L'écho
: - Je suis seul
.
le
Petit Prince : - Seul
L'écho
: - Seul
Seul
Seul
le
Petit Prince :
Chez moi j'avais une fleur
Elle parlait toujours la première
LE
JARDIN DES ROSES
Les
roses:
Ah ! Je me réveille à peine
Ah ! Je vous demande pardon
Ah ! Je suis toute décoiffée
Mais je suis née en même temps que le soleil
Ah ! Sans trop vous déranger
Ah ! Pourriez-vous m'apporter
Juste un petit déjeuner
Je prendrais bien quelques gouttes de rosée
le
Petit Prince:
Ma fleur me disait
Que dans tout l'univers
Elle était seule en son genre
Mais ce n'était pas vrai
Comme elle il y en a des milliers
Ah ! Si ma fleur vous voyait
Elle se sentirait humiliée
Et pour se sentir moins ridicule
Elle touss'rait et ferait semblant de mourir
Moi je s'rais bien obligé
De faire semblant de la soigner
Sinon pour m'humilier aussi
Elle pourrait bien se laisser vraiment mourir
Moi qui me croyais
Si riche d'une fleur unique
Je n'ai qu'une rose ordinaire
Entre elle et mes volcans
Je n'ai vraiment pas l'air d'un grand prince
Les
roses:
Ah ! Avec mes quatre épines
Ah ! Je ne me laisse pas prendre
Moi je n'ai pas peur des tigres
Ils peuvent toujours venir je sais me défendre
Ah ! J'ai toujours un peu froid
Ah ! Je crains les courants d'air
J'aime tant qu'on prenne soin de moi
Vous n'auriez pas par hasard un paravent ?
le
Petit Prince : - Je me croyais riche d'une fleur
unique, et je n'ai qu'une rose ordinaire comme les
autres. Ca, et mes trois volcans qui m'arrivent
à peine aux genoux et dont l'un peut-être
est éteint pour toujours, ça ne fait pas
de moi un grand prince
le
renard : - Bonjour !
le
Petit Prince : - Bonjour ! Qui es-tu ? Tu es
bien joli.
le
renard : - Je suis un renard.
le
Petit Prince : - Viens jouer avec moi, je suis
tellement triste.
le
renard : - Je ne puis pas jouer avec toi, je
ne suis pas apprivoisé.
le
Petit Prince : - Pardon. Qu'est-ce que ça
signifie, " apprivoiser " ?
le
renard : - Tu n'es pas d'ici. Que cherches-tu
?
le
Petit Prince : - Je cherche les hommes. Qu'est-ce
que ça signifie, " apprivoiser "
?
le
renard : - Les hommes
Ils ont des fusils
et ils chassent. C'est bien gênant. Ils élèvent
aussi des poules. C'est leur seul intérêt.
Tu cherches des poules ?
le
Petit Prince : - Non, je cherche des amis. Qu'est-ce
que ça signifie, " apprivoiser "
?
le
renard : - C'est une chose trop oubliée. Cela
signifie créer des liens.
le
Petit Prince : - Créer des liens ?
le
renard : - Bien sûr. Tu n'es encore pour
moi qu'un petit garçon tout semblable à
cent mille petits garçons, et je n'ai pas
besoin de toi. Et tu n'as pas besoin de moi non
plus, je ne suis pour toi qu'un renard semblable
à cent mille renards. Mais si tu m'apprivoises,
nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour
moi unique au monde, je serai pour toi unique au
monde.
le
Petit Prince : - Il y a une fleur, je crois
qu'elle m'a apprivoisé.
le
renard : - C'est possible. On voit sur la Terre
toutes sortes de choses.
le
Petit Prince : - Oh, ce n'est pas sur la Terre.
le
renard : - Sur une autre planète ?
le
Petit Prince : - Oui.
le
renard : - Il y a des chasseurs sur cette planète-là
?
le
Petit Prince : - Non.
le
renard : - Ca c'est intéressant ! Et des poules
?
le
Petit Prince : - Non.
le
renard : - Rien n'est parfait. S'il te plaît,
apprivoise-moi.
le
Petit Prince : - Je veux bien, mais je n'ai
pas beaucoup de temps, j'ai des amis à découvrir
et beaucoup de choses à connaître.
le
renard : - On ne connaît que les choses
que l'on apprivoise.
APPRIVOISE-MOI
le
renard:
Si tu veux jouer avec moi
il va falloir m'apprivoiser
Et créer des liens pas à pas
Pour commencer à s'attacher
Sinon tu n'es encore pour moi
Qu'un petit garçon comme les autres
Pour toi qui ne me connais pas
Je n'suis qu'un renard parmi d'autres
Apprivoise-moi
je t'en prie
Si tu as besoin d'un ami
Et jusqu'à la dernière seconde
Tu resteras unique au monde
Mais
si tu sais m'apprivoiser
Ma vie sera ensoleillée
Je connaîtrai ton bruit de pas
Qui m'appellera hors du terrier
Et la blondeur des champs de blé
Me fera souvenir de toi
Enfin j'aimerai le bruit du vent
Qui viendra souffler dans ces champs
Apprivoise-moi
je t'en prie
Si tu as besoin d'un ami
Et jusqu'à la dernière seconde
Tu resteras unique au monde
On
ne peut connaître vraiment
Que les choses que l'on apprivoise
Mais si les hommes n'ont plus de temps
De s'attarder quand ils se croisent
Ils cherchent des choses toutes faites
Mais il n'y a pas de marchands d'amis
Qui vendent de l'amitié toute prête
Alors les hommes n'ont plus d'amis
Apprivoise-moi
je t'en prie
Si tu as besoin d'un ami
Et jusqu'à la dernière seconde
Tu resteras unique au monde
Il
nous faudra des rendez-vous
Pour pouvoir s'habiller le cur
Et tous ces moments entre nous
M'apprendront le prix du bonheur
le
Petit Prince : - Que faut-il faire ?
le
renard : - Il faut être patient. Tu t'assoiras
d'abord un peu loin de moi, je te regarderai du
coin de l'il
le
Petit Prince : - Et
le
renard : - Et tu ne diras rien.
le
Petit Prince : - Oh
le
renard : - Le langage est source de malentendus.
Mais, chaque jour, tu pourras t'asseoir un peu plus
près.
le
Petit Prince : - Il faut que je parte.
le
renard : - Ah ! Je pleurerai.
le
Petit Prince : - C'est ta faute. Je ne te souhaitais
pas de mal, mais tu as voulu que je t'apprivoise.
le
renard : - Bien sûr
le
Petit Prince : - Mais tu vas pleurer ?
le
renard : - Bien sûr.
le
Petit Prince : - Alors tu n'y gagnes rien.
le
renard : - J'y gagne, à cause de la couleur
du blé. Va revoir les roses et tu comprendras que
la tienne est unique au monde.
PUISQUE
C'EST MA ROSE
le
Petit Prince:
Même si un passant ordinaire
Pouvait prétendre le contraire
Vous n'êtes rien encore
Personne ne vous a apprivoisées
Vous n'avez apprivoisé personne
Tant que vous n'avez pas d'ami
Vous n'êtes pas uniques au monde
Vous êtes belles mais vous êtes vides
On ne peut pas mourir pour vous
Et à elle seule ma rose
Compte bien plus que tout
Puisque c'est elle que j'ai arrosée
Puisque c'est elle que j'ai protégée
Puisque c'est elle que j'ai écoutée
Puisque c'est ma rose
le
renard:
Pour nos adieux voici mon secret
On ne voit bien qu'avec le cur
Il faut comprendre l'essentiel est
Invisible pour les yeux
Si les hommes oublient cette vérité
Toi tu ne dois pas l'oublier
C'est le temps perdu pour ta rose
Qui fait ta rose si importante
Tu deviens responsable pour toujours
De ce que tu as apprivoisé
le
Petit Prince:
Alors me voici responsable de ma rose à jamais
Puisque c'est elle que j'ai arrosée
le
renard:
Arrosée
le
Petit Prince:Puisque c'est elle que j'ai protégée
le
renard:
Protégée
le
Petit Prince:
Puisque c'est elle que j'ai écoutée
Puisque c'est ma rose
le
renard:
Puisque c'est ta rose
le
Petit Prince:
Puisque c'est elle que j'ai abritée
le
renard:
Abritée
le
Petit Prince:
Puisque c'est elle que j'ai rassurée
le
renard:
Rassurée
le
Petit Prince:
Puisque c'est elle que j'ai aimée
Puisque c'est ma rose
le
renard:
Puisque c'est ta rose
le
Petit Prince:
Puisque c'est elle
Puisque c'est ma rose
le
Petit Prince : - Adieu.
le
renard : - Adieu. N'oublie pas mon secret. On
ne voit bien qu'avec le cur.
le
Petit Prince : - On ne voit bien qu'avec le
cur.
le
renard : - L'essentiel est invisible pour les
yeux.
le
Petit Prince : - L'essentiel est invisible pour
les yeux.
le
renard : - C'est le temps que tu as perdu pour
ta rose
le
Petit Prince : - C'est le temps que j'ai perdu
pour ma rose
le
renard : -
qui fait ta rose
le
Petit Prince : -
qui fait ma rose
le
renard : -
si importante.
le
Petit Prince : -
si importante. L'essentiel
est invisible
avec le cur.
le
Petit Prince : - Renard
Renard
Tempête
de sable
le
Petit Prince : - Bonjour ! Bonjour !
l'aiguilleur
: - Bonjour !
le
Petit Prince : - Que fais-tu ici ?
l'aiguilleur
: - Je suis aiguilleur.
L'AIGILLEUR
l'aiguilleur:
Je trie les voyageurs par paquets de mille
J'expédie les trains qui les emportent
Tantôt vers la droite tantôt vers la
gauche
le
Petit Prince:
Ils sont bien pressés que cherchent-ils ?
l'aiguilleur:
L'homme de la locomotive l'ignore lui-même
le
Petit Prince:
Ils reviennent déjà
l'aiguilleur:
Ce ne sont pas les mêmes c'est un échange
le
Petit Prince:
Ils n'étaient pas contents là où ils
étaient ?
l'aiguilleur:
On n'est jamais contents là où l'on
est
le
Petit Prince:
Ils poursuivent les premiers voyageurs ?
l'aiguilleur
: - Ils ne poursuivent rien du tout. Ils dorment
là-dedans, ou bien ils
baillent. Les enfants seuls écrasent leur nez contre
les vitres.
le
Petit Prince : - Les enfants seuls savent ce
qu'ils cherchent. Ils perdent du temps pour une
poupée de chiffons, et elle devient très
importante. Et si on la leur enlève, ils
pleurent.
l'aiguilleur
: - Ils ont de la chance.
Le
marchand de pilules : - Demandez les pilules
du Docteur Désir, demandez les pilules contre la
soif !
le
Petit Prince : - Bonjour !
Le
marchand de pilules : - Bonjour !
le
Petit Prince : - Et vous, qui êtes-vous
?
Le
marchand de pilules : - Je suis un marchand
de pilules perfectionnées qui apaisent la soif.
Demandez les pilules du Docteur Désir, demandez
les pilules
contre la soif ! On en avale une par semaine et
l'on n'éprouve plus le besoin de boire.
le
Petit Prince : - Pourquoi vends-tu ça
?
Le
marchand de pilules : - Mais c'est une grosse
économie de temps. On épargne cinquante- trois minutes
par semaine selon les experts.
le
Petit Prince : - Et que fait-on de ces cinquante-trois
minutes ?
Le
marchand de pilules : - Eh bien, on en fait
ce que l'on veut.
le
Petit Prince : - Moi, si j'avais cinquante-trois
minutes à dépenser, je marcherais
tout doucement vers une fontaine. Je retourne dans
le désert, j'aime mieux le désert.
Tempête
de sable
Lever
de soleil
lePetit
Prince : - Dessine-moi un mouton.
l'aviateur
: - Mais qu'est-ce que tu fais là ?
le
Petit Prince : - Dessine-moi un mouton. C'est
pour ma fleur. Pour la protéger des baobabs. Mais
il me faut aussi une muselière, pour protéger
ma fleur du mouton. Tu penses, il mange aussi les
épines. Je suis responsable de ma rose.
Coucher
de soleil
l'aviateur
: - Huitième jour dans le désert. Plus d'eau.
Aucune chance de trouver
un puits dans cette immensité.
l'aviateur
: - Tu penses à ta rose. Elle rayonne en
toi comme la flamme d'une
lampe, même quand tu dors.
le
Petit Prince : - Les étoiles sont belles à
cause d'une fleur que l'on ne voit pas. J'aime le
désert.
l'aviateur
: - J'ai toujours aimé le désert. On ne voit rien,
on n'entend rien, et
pourtant quelque chose rayonne dans le silence.
le
Petit Prince : - Ce qui embellit le désert,
c'est qu'il cache un puits quelque part.
l'aviateur
: - Tu as donc soif, toi aussi ?
le
Petit Prince : - L'eau peut être bonne
pour le cur.
l'aviateur
: - Ce qui fait la beauté du désert ou des étoiles
est invisible. Lorsque j'étais petit garçon,
j'habitais une maison ancienne et la légende racontait
qu'un trésor y était enfoui. Bien sûr, personne
n'a jamais su le trouver, ni peut-être même
ne l'a cherché. Il était invisible. Mais il enchantait
toute la maison qui cachait un secret au fond de
son cur. Ce que je vois là n'est qu'une
écorce, le plus important est invisible.
le
Petit Prince : - Je suis content que tu sois
d'accord avec mon renard. C'est bien d'avoir un
ami renard, même si l'on doit mourir de soif.
Alors cherchons le puits.
l'aviateur
: - Au hasard, dans le désert ? Que regardes-tu
?
le
Petit Prince : - Le reflet du puits dans les
étoiles.
CHERCHER
LA SOURCE
l'aviateur:
Tout doucement
L'emporter avec moi comme un trésor quand il s'endort
Sentir ce qui se cache derrière l'écorce
derrière le corps
Prendre la route marcher encore
Chercher la source
Trouver les puits
De l'eau de pluie
Suivre
une étoile
Retrouver sa voie des milliers de fois dans ces
déserts
Tenir la main qui connaît le chemin sur cette
terre
Perdus éperdus on espère
Chercher la source
Trouver les puits
De l'eau de pluie
En
bout de course
Toucher le ciel
Voir l'essentiel
Chercher
la source
Trouver les puits
De l'eau de pluie
En
bout de course
Toucher le ciel
Voir l'essentiel
Et
dans le Grande Ourse
Ou l'infini
Chercher le sens d'une vie
l'aviateur
: - C'est étrange. Ce n'est pas un puits saharien.
Tout est prêt, la poulie, la corde, le seau,
comme un puits de village. Mais il n'y a aucun village.
le
Petit Prince : - Tu entends ? Nous réveillons
ce puits et il chante. J'ai soif de cette eau-là.
Donne-moi à boire.
l'aviateur
: - C'est doux comme une fête.
le
Petit Prince : - C'est beaucoup plus que de
l'eau.
l'aviateur
: - Elle est née de la marche sous les étoiles,
du chant de la poulie, de l'effort de mes bras
le
Petit Prince : - Elle est bonne pour le cur,
comme un cadeau.
l'aviateur
: - Lorsque j'étais petit garçon, les
lumières de l'arbre de Noël, la musique
de la messe de minuit, la douceur des sourires faisaient
tout le rayonnement du cadeau de Noël que je
recevais.
le
Petit Prince : - Les hommes de chez toi cultivent
cinq mille roses dans un même jardin, et ils
n'y trouvent pas ce qu'ils cherchent.
l'aviateur
: - Ils ne le trouvent pas.
le
Petit Prince : - Et cependant ce qu'ils cherchent
pourrait être trouvé dans une seule rose ou
un peu d'eau. Mais les yeux sont aveugles.
l'aviateur
: - Il faut chercher avec le cur.
le
Petit Prince : - Tu ne t'en souviens donc pas
? Si, si, c'est bien le jour, mais ce n'est pas
tout à fait ici. Tu n'as qu'à m'attendre,
j'y serai cette nuit. Tu as du bon venin ? Tu es
sûr de ne pas me faire souffrir trop longtemps
?
l'aviateur
: - Quelle est cette histoire-là ? Tu parles
aux serpents maintenant ?
le
Petit Prince : - Dessine-moi une muselière
pour mon mouton. N'oublie pas, je suis responsable
de ma fleur
Mmoui
l'aviateur
: - Tu es injuste, je ne savais rien dessiner que
des boas fermés et des boas ouverts.
le
Petit Prince : - Oh ça ira ! Les enfants
savent
l'aviateur
: - Petit bonhomme, tu as donc des projets que j'ignore
?
le
Petit Prince : - Tu sais, ma chute sur la Terre,
c'en sera demain l'anniversaire. J'étais tombé tout
près d'ici.
l'aviateur
: - Alors ce n'est pas par hasard que ce matin je
t'ai rencontré, il y a huit jours. Tu marchais seul,
à mille milles de toute région habitée. Tu
retournais vers le point de chute. A cause peut-être
de l'anniversaire ?
le
Petit Prince : - Cette nuit, ça fera
un an. Mon étoile se trouvera juste au-dessus de
l'endroit où je suis tombé l'année dernière.
Le serpent m'a promis de
m'aider. Tu sais,
on aura toujours rendez-vous. C'est comme pour la
fleur. Si tu aimes une fleur qui se trouve dans
une étoile c'est doux la nuit de regarder le ciel.
Toutes les étoiles sont fleuries.
l'aviateur
: - Bien sûr.
le
Petit Prince : - C'est comme pour l'eau. Celle
que tu m'as donnée à boire estcomme une musique,
à cause du chant de la poulie et de la corde.
Tu te rappelles ? Elle était bonne.
l'aviateur
: - Bien sûr.
le
Petit Prince : - Tu regarderas la nuit les étoiles.
C'est trop petit chez moi pour que je te montre
où se trouve la mienne. Mon étoile, ce sera
pour toi une des étoiles. Et puisque je rirai dans
l'une d'elle, alors ce sera pour toi comme si c'étaient
toutes les étoiles. Ce sera comme si je t'avais
donné au lieu d'étoiles des tas de petits grelots
qui savent rire.
ON AURA TOUJOURS RENDEZ-VOUS
l'aviateur:
Mon Petit Prince qui viens du ciel
Des étoiles et des hirondelles
Tu as su redonner des ailes
A mes illusions de mortel
le
Petit Prince:
Moi, je suis tombé de nulle part
Ou d'une planète inconnue
Je repartirai pas hasard
Mais je ne t'oublierai jamais plus
ensemble:
On aura toujours rendez-vous
Dans ces étendues de cailloux
L'essentiel est invisible
Pour les yeux des âmes insensibles
le
Petit Prince:
Et même si je sors du décor
Et même si j'ai l'air d'être mort
Tu sais ce ne sera pas vrai
Puisqu'on a tous l'éternité
l'aviateur:
On a tous une rose dans le coeur
Des volcans qui nous faisaient peur
Des tas de couchers de soleil
Nos vieux démons et nos merveilles
ensemble:
On aura toujours rendez-vous
Dans ces étendues de cailloux
Où l'essentiel est invisible
Pour les yeux des âmes insensibles
l'aviateur:
Nous qui comprenons la vie
Nous nous moquons de compter
le
Petit Prince:
Nous on voulait juste un ami
Même s'il faut un jour le laisser
ensemble:
On aura toujours rendez-vous
Dans ces étendues de cailloux
Où l'essentiel est invisible
Pour les yeux des âmes insensibles
l'aviateur:
Je suis tombé de nulle part
D'une planète inconnue
le
Petit Prince:
Je repartirai pas hasard
ensemble:
Mais je ne t'oublierai jamais plus
le
Petit Prince : - Ne viens pas. J'aurai l'air
d'avoir mal. Tu aurais de la peine. J'aurai l'air
d'être mort, et ce ne sera pas vrai. Tu comprends
? C'est trop loin. Je ne peux pas emporter ce corps.
C'est trop lourd. Mais ce sera comme une vieille
écorce que l'on abandonne.
l'aviateur
: - Je ne te quitterai pas.
le
Petit Prince : - Ce n'est pas triste, les vieilles
écorces. Ce sera gentil, tu sais. Moi aussi je regarderai
les étoiles. Toutes les étoiles seront des puits
avec une poulie rouillée. Toutes les étoiles me
verseront à boire. Ma fleur, j'en suis responsable.
Elle est tellement faible. Elle a quatre épines
de rien du tout pour la protéger contre le monde.
Voilà
C'est tout
LE PLUS BEAU ET LE PLUS TRISTE PAYSAGE DU
MONDE
l'aviateur:
Le plus beau et le plus triste
Paysage du monde
C'est celui où il n'est plus
Cette lumière qui se perd
En un éclair
L'espace d'une seconde
Comme quand il est apparu
Mais si un jour
Vos voyages vous emmenaient
Dans ce désert
Si vous vous trouvez
Juste sous l'étoile
Vous devinerez qui il est
Alors soyez gentils, ne me laissez pas tellement
triste,
écrivez-moi vite qu'il est revenu
Le plus beau et le plus triste
Paysage du monde
C'est celui où il n'est plus
FIN